Yishu 8 x Galeries Lafayette Haussmann - Wang Enlai
A l'occasion du Nouvel An Lunaire, les Galeries Lafayette Paris Haussmann en collaboration avec La Maison des arts de Pékin - Yishu Ba, vous invitent à découvrir deux installations d’art contemporain sur le thème de la lumière et du ciel, qui célèbrent l'esprit de la fête du printemps. A cette occasion, sont présentées en magasin, les œuvres de deux artistes lauréats du prix Yishu 8 : Wang Enlai et Jennifer Douzenel
Ce parcours artistique fait écho à l'exposition ¨Bons Baisers de Pékin" actuellement au musée national des arts asiatiques — Guimet. Comme un dialogue franco-chinois, ces œuvres viendront rendre compte d'une inspiration née de ces chemins croisés entre la France et la Chine.
Les ready-made de Marcel Duchamp nous ont appris à porter un tout autre regard sur les objets, les accessoires ou encore les phénomènes qui forment la banalité de notre quotidien. Ceux-ci en ont acquis des virtualités nouvelles ; ce sont elles que Wang Enlai se plaît à mettre en scène. Pour lui les choses qui nous entourent, leurs caractéristiques usuelles, mais aussi leurs combinaisons, leurs assemblages, sont devenus un idiôme insoupçonné, une langue nouvelle chargée de bousculer les habitudes. Il y trouve non seulement un lexique inusité, mais encore des tournures, des configurations, des métamorphoses en puissance, qui lui permettent de reformuler le réel à sa guise, d’en livrer une interprétation qui lui est propre. On devrait plus exactement dire une poétique, car dans sa vision élargie du monde, vient subrepticement surgir, avec humour et élégance, une part jusqu’alors dissimulée de son héritage culturel.
La pièce que Wang Enlai a choisi de montrer aux Galeries Lafayette s’intitule sobrement « Ceiling fan and light bulbs ». Elle consiste en un ventilateur de plafond qui entraîne dans son impassible mouvement des ampoules électriques suspendues par des fils jusqu’au sol ( dont la nature décide si la giration peut produire accessoirement des traces ou des bruits). L’insignifiance du propos est trompeuse. Comme les rideaux dans lesquels la pièce est en quelque sorte enveloppée, elle sert de contenant à des significations qui s’emboîtent les unes dans les autres pour révéler leur vraie portée. Les fragiles ampoules de verre qui dispensent d’ordinaire leur lumière depuis les hauteurs, sont ici négligemment abandonnées sur le sol, traitées comme d’inoffensifs pantins. Mais c’est dans ce piètre sort qu’elles n’en révèlent que mieux leur résistance foncière, leur adaptabilité et qu’elles naissent à une nouvelle destinée. Et c’est ainsi que se profilent, sur un mode éminemment chinois, non seulement une morale des relations entre le Ciel et la Terre, mais, comme dans un poème de là-bas, une petite leçon de philosophie.
Henry-Claude Cousseau,
Président de Yishu 8
Comments